In the Country of the last Things est le titre original du Voyage d'Anna Blume. De ce "pays des choses dernières" où elle tente de survivre au froid, aux prédations et au désespoir, Anna Blum - venue chercher son frère disparu, William - écrit une longue lettre dont on ne sait si elle trouvera jamais son destinataire : ses errances dans une ville aux rues éventrées, sa lutte pour subsister parmi les "chasseurs d'objets" et les "ramasseurs d'ordures", la mort omniprésente, la difficulté de vivre des amours durables... revêtent ici une force symbolique d'une actualité étonnante. Et cette lettre, en même temps qu'elle éveille en lui un passé de terreurs et d'apocalypse, interroge d'insidieuse façon le lecteur sur son rapport au monde... et au langage.
Le romancier de L'Invention de la solitude et de la Trilogie new-yorkaise nous entraîne ici dans un de ces univers, à mi-chemin du réel et du symbolique, dont il a le secret. Sur les pas d'Anna Blume et de quelques autres, résolus comme elle à ne pas s'anéantir dans l'abjection et la violence, nous traversons une fin du monde qui ressemble par bien des traits à notre monde. Avec eux, aux dernières pages du livre, nous serons conviés à rêver d'un autre départ, vers d'autres contrées...