Après nombre de romans sur ses recherches Modiano nous livre ici ce qui semble être le résultat de sa longue quête: un résultat brut, sous forme d'énumération de faits glanés çà et là et posés ici sans ordre ni contexte (mais ne vous y fiez pas, cela est en fait très construit). Ce style froid et sans fioritures va bien avec cette vie sans chaleur.
Toute l'oeuvre de l'auteur tourne autour de son enfance et de la recherche de son identité. Ce livre l'explique et l'éclaire. La plupart des faits exposés vous renverront vers un de ses romans antérieur.
Si vous cherchez ici l'histoire de sa vie, histoire comme on l'entend en général, vous vous trompez de livre. Car c'est de matière qu'il s'agit, matière dont le Modiano d'aujourd'hui est fait: ses parents, son enfance, les origines de sa culpabilité. Les parents donc vers et de qui tout converge, parents qui ne l'aime guère et semble ne faire que passer. L'enfant, qui pourtant ne demande pas grand chose, est un fardeau, une gène.
Plus que dans n'importe lequel de ses autres romans, Modiano apparaît ici comme un "passager clandestin" de la vie.
L'auteur a couché vingt et un ans de sa vie sur le papier et a tiré un trait. Est-ce un tournant de son oeuvre?
Enfin libéré de ses démons, son écriture va t-elle s'en retrouver elle aussi libérée?