La route au tabac, desséchée et noyé dans la poussière n'est plus qu'un vieux chemin perdu dans
sa solitude qui serpente à travers les dunes et passe devant la ferme des Lester.
Une ferme délabrée, avec son toit qui menace de s'écrouler et ses murs en planches pourries, des
champs laissés à l'abandon et envahis par les ajoncs. L'horizon des Lester n'est qu'un paysage
assommé par la chaleur
La route au tabac nous conte l'épopée de la faim qui enserre les corps, les écrase et les broie à l'intérieur, où chacun imagine toutes sortes de stratagèmes pour le plaisir de quelques navets.
En filigrane, transpire aussi la chaleur du désir sexuel et de la sensualité animale.
Jeeter Lester, le père, qui d'épisodes en épisodes essaye d 'aller vendre du chêne noir dont personne ne veut à la ville voisine et dont l'unique obsession est de faire repousser du coton sur
ses terres.
La vieille Lester et Ada, respectivement, mère et épouse de Jeeter, toutes les deux atteintes par la maladie.
Ella May, fille de Lester, nymphomane affublée d'un bec de lièvre, Soeur Bessie, évangéliste itinérante qui malgré son age avancé, parviendra à épouser l'adolescent Dude, le fils de Lester, après lui avoir acheté une automobile neuve avec ses dernières économies. Pearl la fille cadette, à peine douze ans et déjà mariée à un voisin, lequel n'a jamais pu la toucher vu qu'elle a choisi de dormir par terre sur un matelas de fortune.
Un roman de 1932 plein de verve et de situations scabreuses ou burlesques, à la langue verte, très éloigné de la manière "noire" de certaines oeuvres de l'auteur et de la vision tragique du Sud d'un Faulkner. Une épopée de la faim, du désir et de l'érotisme (selon J. Brown) qui tient de la "farce très haute en couleurs" et qui a pour cadre la brousse de la Géorgie.Je n'ai pas laché ce livre et j'envie ceux qui vont le découvrir aujourd'hui!